vendredi 13 août 2010

Quand la coopérative est performante pourquoi ne pas le faire savoir ?

Léonel de Moustier actuellement gérant du groupement forestier familial, la Société Forestière de la Maison de Moustier, a aimablement accepté de répondre à nos questions. Nous lui avons demandé de faire une analyse sans complaisance de l’appui de la coopérative à la gestion de son patrimoine forestier. Ses remarques sont positives et nous réjouissent. C’est une belle récompense pour nos équipes techniques dont le travail mérite d’être mis en lumière.

F&BE : Monsieur de Moustier, vous êtes gérant de la Société Forestière de la Maison de Moustier depuis 2006, groupement forestier que vous dirigez avec l’aide d’un conseil de gérance de 8 autres membres de votre famille. Quelle est l’histoire cette société ?

LdM : l’origine remonte au début du 20è siècle lorsque mon arrière grand père le marquis de Moustier après avoir hérité de plusieurs forêts au Nord et au Sud du département du Doubs a fait l’acquisition de plusieurs massifs forestiers, dont le plus important dans la région de Levier (25). Il s’agissait en fait d’un rachat puisque ce massif avait quitté la famille quelques décennies plus tôt. Cette forêt était ruinée et mon aïeul l’a entièrement replantée. En 1932, à l’instigation de mon grand père Léonel, était constituée la Société Forestière de la Maison de Moustier dans le but de conserver et de gérer ce patrimoine. Puis mon père Roland de Moustier transforma la Société en groupement forestier en 1955. L’ensemble constitue aujourd’hui un patrimoine d’un peu plus de 2 000 ha.

F&BE : Qu’est ce qui a amené votre famille à vous tourner vers Forêts & Bois de l’Est pour vous aider dans la gestion de ce patrimoine ?

LdM : Depuis plus d’un siècle la Société Forestière était gérée par un Gérant assisté de plusieurs « Ingénieurs conseil » retraités de l’Office National des forêts. En 2006 ma famille m’a demandé de prendre la responsabilité de cette gérance. Nous avons alors décidé de constituer, pour m’aider dans cette tâche, un conseil de gérance composé de 8 membres issus de la même génération que la mienne. Nous avons pris conseil auprès de plusieurs amis propriétaires forestiers et avons eu un débat fourni entre nous sur le choix d’un nouveau gestionnaire. Après avoir rencontré plusieurs candidats potentiels nous avons opté à l’unanimité pour un engagement auprès de la coopérative, tout en précisant que nous examinerions tous les 3 ans l’intérêt de la société à poursuivre ou non cette collaboration. Notre objectif était de trouver une formule plus adaptée et plus performante sur le plan commercial et moins coûteuse en frais de fonctionnement.

F&BE : Après 4 années de partenariat avec la coopérative comment jugez vous objectivement son action sur le plan technique ?

LdM : Il faut d’abord indiquer que d’une façon générale notre conseil de gérance est satisfait de l’appui technique et administratif apporté par la coopérative. Nous avons des réunions régulières dans l’année pour arrêter les choix et planifier les interventions. Il nous est souvent rendu compte de l’avancée des dossiers et de l’activité. Nous pourrions par contre craindre un risque de manque de continuité dans le suivi de nos affaires. La première responsable de notre dossier, Mlle Glattard, a quitté la coopérative et a du être remplacée. Tout s’est bien déroulé pour sa succession puisque M Clerc son remplaçant travaillait déjà dans des propriétés de la Société Forestière dans la région de Salins les Bains (39). Mais ce serait un inconvénient si cela devait se reproduire souvent.

F&BE : Sur le plan de la valorisation de vos bois ?

LdM : Nous faisons le constat que nos bois sont beaucoup mieux vendus qu’auparavant. Nous organisions une vente annuelle en bloc et sur pied, en septembre, auprès d’un panel d’acheteurs locaux. Les belles coupes se vendaient bien mais les bois de qualité inférieure restaient invendus ou devaient être bradés. Au final aujourd’hui, nous constatons que nous n’atteignons plus les prix records enregistrés pour les plus beaux lots mais que notre prix moyen de vente, toutes qualités confondues, a progressé de 49% à conditions de marché et de produits identiques. Chiffre qui atteint 62% si on y inclut la période de forte hausse de l’année 2007. Mon analyse est que nous étions trop isolés dans un marché qui s’internationalise et que nous nous adressions à un panel d’acheteurs très local, ce qui réduisait donc considérablement l’effet de concurrence. La coopérative, avec l’importance de ses volumes vendus par contrat, sa connaissance du marché et ses spécialistes commerciaux, peut optimiser cette commercialisation. Elle permet de lisser les variations et de préserver un revenu moyen meilleur et beaucoup plus régulier que par le système spéculatif des ventes sur pied.

F&BE : Et sur les résultats économiques globaux ?

LdM : Notre résultat net s’est accru de façon significative, c’est donc satisfaisant. Parallèlement à l’augmentation des prix de vente de nos bois, nous avons pu constater une baisse importante de nos coûts de fonctionnement. Autrefois, nous devions employer trois gardes forestiers, un ouvrier et une secrétaire comptable. Aujourd’hui nous n’employons plus qu’un seul garde et un ouvrier. Les autres moyens sont mis à notre disposition de façon mutualisée par la coopérative. Cette externalisation s’est traduite par une économie de frais généraux de 37% en 5 ans et baissera encore en 2010.


F&BE : En guise de conclusion, pouvez vous nous dire quel regard vous portez sur les différents types d’appui à la gestion dont vous avez l’expérience ? Là encore en toute objectivité.

LdM : Le système commercial de la coopérative est plus efficace que celui des ventes traditionnelles car il permet de vendre correctement tous les produits. Pour un groupement forestier comme le nôtre c’est bien le prix moyen de valorisation qui a un intérêt et non pas tel ou tel prix record qui masque les vraies réalités. Nous constatons également que le coût de revient de la coopérative est jusque là nettement inférieur à celui de notre ancien système. Pour le reste, les compétences techniques nous semblent identiques à ce que nous avons connu par le passé. Nous souhaitons donc poursuivre cette collaboration fructueuse sans pour autant perdre de vue que nous restons attentifs à la poursuite dans le temps de ces bons résultats.

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